Ce pays de marais, accroché à l’un des plus petits fleuves de France, est parcouru par les Chemins de la Seudre. Ces chemins de randonnées nervurent ainsi une zone humide de 10 000 hectares façonnée par le long travail de la mer et de l’Homme.

Au contact de la Seudre, à pied ou à vélo

La Seudre dévoile sur chacune de ses rives un paysage complexe dessiné par la géométrie des casiers d’eau. Ces anciennes salines sont aujourd’hui reconverties en bassins ostréicoles où murissent, dans leur bain de plancton, les huîtres de Marennes-Oléron.

Thierry-Avan

Image typique et passage obligé du tourisme en Charente-Maritime, cette plaine alluviale file un long dédale de vasières, de dépressions douces et de prairies saumâtres.

À pied ou à vélo, le marais de la Seudre révèle ses secrets à ceux qui remontent ses couloirs sinueux. Ils courent depuis l’embouchure du fleuve au pertuis de Maumusson (face à l’Ile d’Oléron) jusqu’à Saujon où son cours se rétrécit et passe du salé au doux. Des petits ports jalonnent l’estuaire colonisé par une faune rare qu’il est possible de « surprendre » au hasard des chemins.

Dans ce bassin aval, veiné de chenaux et canaux, une centaine de kilomètres de sentiers balisés s’offrent aux promeneurs. Sur la rive gauche, un itinéraire d’environ 30 km relie La Tremblade à Mornac-sur-Seudre via Étaules, Arvert et Chaillevette. De l’autre côté du fleuve, les chemins de la Seudre redescendent vers le littoral depuis Le Gua jusqu’à Marennes, après des étapes à Nieulle-sur-Seudre et Saint-Just-Luzac.

Voici un bref aperçu du parcours en trois temps forts.

Le port de la Grève à La Tremblade (rive gauche)

C’est par ses quais que transitent au Moyen-Âge d’immenses cargaisons de sel destinées aux marchés européens. La fonction du site a ensuite évolué. Le gouvernement de Louis XIV y aménage un lieu de stockage de marchandises. Les bateaux de commerce français viennent s’y ravitailler avant de traverser l’Atlantique pour rejoindre les colonies royales en Amérique.

Au XIXe siècle, l’élevage des huîtres devient l’activité prépondérante. C’est encore le cas aujourd’hui. D’ailleurs, le site, aménagé le long d’un chenal d’un peu plus de 2 kilomètres, porte l’héritage de ce vieux savoir-faire qui s’inscrit avec charme dans son paysage. Au bord du fleuve, les cabanes en bois coloré sont notamment l’un des traits visuels les plus caractéristiques. Les pêcheurs amarrent leurs « plates » aux pontons qui les desservent. En amont de La Tremblade, d’autres ports ostréicoles sont à découvrir : Orivol et les Grandes Roches sur la commune d’Étaules ou encore Chatressac à Chaillevette.

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Mornac-sur-Seudre, l’un des Plus Beaux Villages de France® (rive gauche)

Avec son église romane, ses halles médiévales et ses vieilles pierres de type « saintongeais », cette petite commune de 900 habitants semble appartenir à un autre temps. Son port, lui aussi dépositaire d’une longue tradition ostréicole, demeure sur un chenal d’un kilomètre qui mène jusqu’au fleuve et plonge dans la faune et la flore des marais. Un sentier pédestre et cyclable permet de s’y rendre.

Trois curiosités sont à signaler. Un phare porte-feu en bois et une cabane de saunier traditionnelle ont été reconstitués. Sur le quai subsiste aussi le bâtiment d’un ancien moulin à eau actionné par l’effet des marées. Aujourd’hui, un restaurant occupe les lieux. Mornac-sur-Seudre fait partie des Plus Beau Village de France® depuis 1982.

Le moulin des Loges à Saint-Just-Luzac (rive droite)

Le moulin des Loges se dresse dans un champs d’anciens marais salants. L’océan submerge la zone jusqu’à la fin du premier millénaire. Au XIIe siècle, le moulin à eau, peu à peu libéré par la mer, est alors relié à l’estuaire de la Seudre par un réseau de chenaux et ruissons.

Les hommes jugent alors le site propice à l’établissement d’une meule à grain couplé, par une roue et un système d’engrenages, à un bassin de retenue qui se remplit à chaque marée haute. Lors du vidage du réservoir (à marée basse), l’énergie mécanique déclenche le mouvement. Laissé à l’abandon pendant près d’un siècle, le bâtiment est restauré dans les années 2000. Il ouvre désormais ses portes au public. Il est l’un des derniers moulins à marée en fonctionnement en Europe.

Bien d’autres haltes rythment le programme de découverte des chemins de la Seudre. Citons par exemple la Cité de l’Huître à Marennes ou les vignes du hameau de Coulonges entre Mornac et Chaillevette. Les sites sauvages des rives de la Seudre donnent également à voir la richesse de leur biodiversité. On observe un patrimoine vivant, animal (busard, cigogne, grande aigrette, passereau gorgebleue) et végétal (salicorne, fenouil, moutarde, lavande de mer). L’ensemble de l’estuaire est un secteur protégé, inscrit en Zone Naturelle d’Intérêt Environnemental Faunistique et Floristique (ZNIEFF).

Infos pratiques

  • En saison, il est possible de traverser la Seudre à pied ou à vélo en empruntant le bateau-passeur entre Marennes et La Tremblade.
  • Du sud au nord (et vice-versa), le Train des Mouettes fait la liaison entre La Tremblade et Saujon.

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