Le phare de la Coubre, point culminant en Charente-Maritime
Du haut de ses 64 mètres, le phare de la Coubre offre un panorama spectaculaire. D’un côté, se dévoile la Côte Sauvage de la presqu’île d’Arvert. De l’autre, on a une vue plongeante sur la baie de la Bonne Anse, située à l’embouchure de la Gironde.
Dressé sur un petit cap qui marque l’entrée de l’estuaire de la Gironde, à hauteur de La Tremblade, le phare de la Coubre est le plus haut du département de Charente-Maritime. Sa longue silhouette filiforme et le double coloris de son revêtement en béton, rouge et blanc, lui permettent d’être reconnaissable entre tous.
L’ouvrage repose sur un site travaillé par une forte érosion marine. Chaque année, le trait de côte recule à cause des fortes houles de l’océan Atlantique. Le phénomène est particulièrement visible depuis le sommet du phare. On le remarque notamment au niveau de la baie de la Bonne Anse. Un cordon dunaire alimenté par les courants maritimes porteurs de sédiments arrachés au littoral tend à la refermer. Encore inexistante au début du XXe siècle, cette bande sableuse ne cesse de s’allonger vers la terre ferme. Aujourd’hui, elle est sur le point d’atteindre le rivage bordé par la plage de La Palmyre.
Un phare de pierre qui n’a pas fait long feu
Le destin du phare la Coubre est très étroitement lié à ces processus naturels. Ceux-ci sont en effet particulièrement sensibles à proximité des estuaires et des deltas. On érige sa tour en 1905 en lieu et place d’autres sentinelles. Construites trop près de la mer, elles n’ont pu résister durablement aux fragilisations et reculs successifs de la côte ébréchée par les vagues, le vent et le ruissellement.
En 1830, on construit d’abord une pyramide en bois pour sécuriser la circulation maritime dans l’estuaire de la Gironde. Elle sert de balise aux vaisseaux pénétrant cette zone aux eaux tumultueuses, théâtre d’innombrables naufrages. Des amas de sable invisibles dont le bien nommé banc de la Mauvaise provoquent ces accidents. Cette pyramide est démolie quinze ans plus tard par l’océan. Afin de la remplacer, on reconstruit un échafaudage de sapin mis en service le 15 août 1860. Cette solution est trop provisoire pour le gouvernement impérial de l’époque. Il ordonne ainsi, la même année, l’érection d’un phare digne de ce nom à la pointe de la Coubre.
Il faut finalement attendre 1895 pour voir se dresser une tour en pierre de 57 mètres à seulement 1,5 km de la mer. Mal situé, le monument est vite menacé par l’érosion marine qui finit par l’effondrer le 21 mai 1907. Mais, cette fois, les pouvoirs publics ont pris les devants. Le phare actuel allume sa lanterne depuis déjà presque deux ans sur un site localisé à 1,5 kilomètre en retrait de celui de son – feu – prédécesseur.
Le phare de la Coubre est le premier en France à avoir été conçu en béton.
300 marches à gravir
Un temps envisagée, la construction d’un édifice en fer fut finalement abandonnée. D’abord au profit d’une solution en maçonnerie (pour le phare de 1895 aujourd’hui submergé) puis, en béton armé (pour celui de 1905). Ce dernier, dessiné par l’ingénieur Paul Alexandre, conserve toutefois du projet initial la cage d’escalier métallique en vis, fabriquée dans les ateliers de Gustave Eiffel. L’intérieur de la tour est une curiosité et une rareté qui fait la réputation du phare de la Coubre. Il est inscrit aux Monuments Historiques en 2011.
Un phare filiforme
Son architecture cylindrique est qualifiée de type « trompette ». En effet, de sa base jusqu’à son milieu, le bâtiment va en s’amincissant comme le pavillon de l’instrument de musique. Sa forme effilée est proche de celle de son homologue tronconique de 1895. Elle en reprend aussi le couronnement « simplifié » soutenu par des consoles en arc-de-cercle.
Dans la partie supérieure, l’intérieur de la cabine de la lanterne, couverte d’un dôme lambrissé, renferme une lampe halogène de 250 watts dont la portée atteint 52 kilomètres (28 milles marins). À l’extérieur, la base de la coupole en cuivre est décorée de têtes de lions et d’une couronne à motifs en métal ajouré. La sphère qui coiffe l’extrême sommet du phare est l’ancienne chambre où s’opérait la décompression du gaz utilisé pour l’éclairage d’origine.