Quand Royan inspire Arthur de Pins
Royan est le théâtre de cette bande dessinée révolutionnaire dont Arthur de Pins est l’initiateur. Bien qu’il grandit en Bretagne, il passe fréquemment ses vacances d’enfance à Royan, plus précisément sur la plage du Pigeonnier. Entre 2010 et 2013, cette station balnéaire sert de décor à sa trilogie intitulée “La Marche du Crabe”. En 2012, il est récompensé du Prix Jeunesse des Fauves lors du Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême pour le deuxième tome de sa série “Zombillénium”. En 2014, Royan lui rend hommage en lui consacrant une exposition en plein air dédiée à “La Marche du Crabe”.
À la découverte de la Marche du Crabe
Connaissez-vous les Cancer Simplicimus Vulgaris, plus communément appelés crabes carrés ? Ces curieuses créatures habitent les eaux marronnâtres de l’estuaire de la Gironde depuis des millénaires. Elles sont affligées d’un étrange défaut génétique : la nature les a condamnées à se déplacer uniquement sur le côté, leur interdisant toute possibilité de tourner. Leur existence se résume donc à une marche ininterrompue le long d’une ligne droite. Mais un été de vacances sur les plages de Royan, trois d’entre eux, nommés Bateau, Soleil et Guitare, vont initier une révolution visant à changer leur condition : la marche des crabes.
Ainsi commence la trilogie d’Arthur de Pins et l’aventure de ces crabes qui étaient pourtant destinés à ne jamais se croiser. Entre lutte des classes et message écologiste, cette histoire s’adresse aux grands comme aux petits.
L’influence de Royan sur la Marche du crabe
Lors de notre entrevue avec l’artiste, il nous a révélé son attachement profond à Royan et particulièrement à la plage du Pigeonnier. On l’imagine alors, observer les crabes arpenter inlassablement le rivage. Cette vision l’a, sans doute, profondément marqué et a inspiré son travail artistique. Il a trouvé dans ces créatures la métaphore parfaite de la condition humaine, condamnée elle aussi à suivre des chemins prédéfinis sans pouvoir réellement s’en échapper.
Voyons voir si Arthur en pince toujours pour Royan…
Entrevue avec Arthur de Pins
Quels souvenirs gardez-vous de vos vacances à Royan ?
De mon enfance, je garde des souvenirs de la plage du Pigeonnier, une plage très familiale où tout le monde se connaissait et où la buvette/club Mickey/brasserie/téléphone était le centre névralgique. De très beaux souvenirs de concours de déguisements, de circuits de billes… Et de pêche aux crabes !
Pouvez-vous nous parler de l’évolution de votre style de dessin ?
Je dessine depuis tout petit. À l’adolescence, je m’inspirais surtout des dessinateurs dont j’étais fan. Mais le tournant a été vers la fin de mes études, lorsque j’ai appris à me servir du logiciel Illustrator. C’est en découvrant les dessins de Monsieur Z que j’ai eu envie d’obtenir ce style en aplats, sans traits, très rétro. Monsieur Z est d’ailleurs natif de Royan. La boucle se boucle.
Venez-vous toujours séjourner à Royan ?
Dès que je le peux car je reste fan de la Charente-Maritime (La Rochelle, Oléron, La Tremblade…). Et puis Royan est un peu “sur la route” entre le nord et le sud. C’est un passage obligé. Curieusement, je constate que la ville n’est pas très connue parmi les gens à qui j’en parle. Beaucoup moins que La Rochelle. Alors je me transforme en guide touristique et leur fait l’apologie de cette ville et des environs.
Quel regard portez-vous sur les paysages des estuaires ?
Je suis très fan des paysages marécageux, entre terre et mer, que l’on peut voir à Port-Maubert, Mornac ou La Tremblade. Je leur trouve une poésie folle, à l’inverse des grandes plages de l’océan qui m’ennuient. Le seul bémol qui freine un peu les gens, c’est la couleur de l’eau, davantage marron que bleu. Mais pour moi, ça fait partie du charme.
Que pensez-vous de l’architecture « Années 50 » de Royan ?
Royan est une station balnéaire très particulière, très “moderne”, au sens architectural (On la surnommait “la petite Brazilia”). Certaines maisons semblent issues tout droit d’un film de Tati. C’est donc un hommage aux trente-glorieuses que de situer l’action de sa bande dessinée à cet endroit. Hervé Bourhis a d’ailleurs choisi Royan comme cadre pour sa BD Le Teckel. Lors d’un déplacement lié à ma BD, j’ai découvert l’œuvre de Marsaudon, dont je ne connaissais que le logo du Rancho. Tout à Royan fleure les années 60-70. Y aller, c’est un peu voyager dans le temps.
« La Marche du Crabe » est aussi devenue un jeu de société. Comment y joue-t-on ?
Il s’agit d’un jeu collaboratif, où on ne joue qu’à deux. Non pas l’un contre l’autre, mais à deux contre le jeu. L’un des joueurs incarne Soleil et ne peut se déplacer que d’est en ouest, tandis que l’autre est Bateau et ne bouge que selon l’axe nord-sud. Les deux pouvant se porter mutuellement, il vont devoir s’aider pour nettoyer la plage et retrouver leurs congénères prisonniers des Tourteaux.
Un dernier mot à partager avec nous ?
Salutations à tous les royannais et à tous les anciens de la plage du Pigeonnier !!!
En conclusion, “La Marche du Crabe” d’Arthur de Pins est profondément marquée par Royan. Son ambiance balnéaire et ses paysages uniques ont été une source d’inspiration pour l’artiste, lui permettant d’explorer des thèmes profonds et de captiver ses lecteurs avec son imaginaire débordant et son sens de la formule.
La Marche du crabe de Arthur de Pins © Éditions SOLEIL, 2010-2023 – Publié dans la collection Noctambule
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